Michel et Joël ont introduit la soirée à partir de trois parcours.
Honneur aux femmes. Germaine Tillon, ethnologue, entrée au Panthéon le 27 mai dernier, en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette, a eu un parcours engagé très tôt, contre les idées nazies dont elle avait pressenti la monstruosité lors d’un stage avant guerre en Allemagne.
Pétain la faisait vomir... Elle fut active avec le célèbre réseau du Musée de l’Homme. Internée à Ravensbrück, elle n’a dû sa survie qu’à la solidarité. Elle a témoigné entre autres des méthodes de destruction des personnes dans les camps.
André Malraux. Rentré de la guerre d’Espagne déçu et aigri que la France n’ait pas apporté un soutien digne de ce nom aux républicains, il intégra la Résistance tardivement, contrairement à deux de ses frères. Personnage complexe qui avait, semble-t-il tendance à enjoliver son parcours.
Louis Ferdinand Céline. Médecin dans un dispensaire où venaient de nombreux pauvres. Son enfance fut bercée dans l’antisémitisme, dont il défendit les idées jusqu’à sa mort. Son engagement le conduira à écrire des articles et des pamphlets violemment antisémites.
Les conférenciers élargirent leurs champs d’investigation vers d’autres intellectuels, scientifiques, prix Nobel dont Alexis Carrel, Sartre, de Beauvoir... montrant ainsi que rien n’est simple et qu’on ne peut en rester à une grille de lecture binaire collabos-résistants...
La période de l’épuration fut bien entendu abordée, notamment à travers le débat Camus / Mauriac.
Bien que convaincu que l’homme s’avilit avec la peine de mort, Alabert Camus souhaita que la justice passe.
François Mauriac prônait une épuration contrôlée et avait même convaincu Camus de signer une pétition en faveur de Giono.
Une incursion dans l’histoire ardéchoise permit de découvrir ou de mieux cerner les orientations locales.
Xavier Vallat fut évoqué rapidement puisque La Vanaude en reparlera au mois d’avril. L’action des écrivains régionalistes implusée par Charles Forot initiateur des éditions du Pigeonnier, de la presse locale de l’époque, la Gazette d’Annonay et La croix de l’Ardèche fut présentée plus en détail.
G. Thibon autre ardéchois maurassien royaliste, notoirement positionné contre la démocratie, inspira de nombreux discours de la France de Vichy.
Le fait qu’il ait reçu Simone Weil à St Marcel d’Ardèche lui sera utile au sortir de la guerre.
Même s’il convient d’être prudent devant la complexité des personnes et des situations, les écrits et les paroles ne pouvaient pas être neutres...et la responsabilité de leurs auteurs en découlait.
Indéniablement, l’engagement des uns et des autres, relayé par la presse nationale ou locale ne pouvait qu’avoir du poids.
Merci à Michel Barbe et à Joël Pascal d’avoir, par leurs connaissances et leurs talents pédagogiques, éclairé le public sur cette période difficile de notre histoire.
Peut-être les reverrons nous en 2017 pour une soirée consacrée à Camus.
Prochainement, notre site aura l’occasion de publier un article que Michel Barbe a consacré à deux "paysans philosophes" ardéchois d’audience nationale et aux analyses très différentes : Gustave Thibon et Pierre Rabhi...
- Belle complicité et complémentarité entre les deux intervenants
