Comme l’a dit, Denis SAUZE, maire du Monestier lors l’échange avec le public le discours de Jacques SAUREL fut d’une grande précision et d’une étonnante fluidité. Les talents de pédagogie de l’intervenant sont évidents.
4 Bonnes raisons de s’engager pour la France
Jacques a rappelé que sa famille « SZWARCENBERG » est venue de Pologne en France parce qu’elle admirait ce pays au point qu’en 1940, son père a voulu s’engager dans l’armée française. Au recruteur qui lui dit que ce n’était pas raisonnable pour un père de 4 enfants, il répondit que cela faisait justement 4 bonnes raisons de s’engager….
Cette démarche hautement républicaine sauva très certainement sa famille qui « bénéficia » pendant un temps du statut de famille de prisonnier de guerre, leur évitant ainsi de partir pour la triste « destination inconnue », euphémisme pour signifier les camps d’extermination….dans lesquels, une partie de sa famille disparut.
Les statuts des juifs, dont le second fut préparé sous la triste et regrettable responsabilité de Xavier VALLAT député d’extrême droite de la circonscription du Nord Ardèche ( qui avait pris en mars 1941, la tête du commissariat général aux questions juives), rattrapèrent Jacques , sa maman et ses frères et sœurs.
Brimades et humiliations s’amplifièrent au fil des jours jusqu’au 3 février 1944, date à laquelle, Jacques, son frère Roger, sa soeur Irène et leur maman sont arrêtés par la police de Vichy et conduits à Drancy.
Transféré en mai à Bergen- Belsen, appelé au fil des ans "le camp de la mort lente", en Allemagne, Jacques vivra, malgré la présence de son frère et de sa soeur, malgré le courage et l’affection de sa mère, dans la peur, la faim, le froid, la maladie, la terreur et l’horreur que pendant longtemps comme de nombreux déportés, il n’a pu exprimer.
Ce n’est qu’en 1994, à la suite de l’inauguration d’un monument de Bergen-Belsen à Paris, que Jacques a évoqué douloureusement ses souvenirs à Françoise son épouse…
Aujourd’hui, conscient de l’importance capitale du témoignage des anciens déportés, il n’hésite pas à donner de sa personne pour rencontrer aux quatre coins de l’hexagone de nombreux scolaires et quelques fois un public adulte comme à Vanosc.
Que c’est beau la vie !
Après avoir vécu l’horreur de la déportation, Jacques dit qu’il a tiré de son histoire une force.
Dans ses interventions, Jacques met en exergue, toutes les personnes qui ont su apporter une petite ou une grande aide à la population juive : des commerçants qui donnaient un peu plus de nourriture, un directeur d’école demandant aux élèves de respecter les enfants portant l’étoile jaune, des policiers qui, au mépris des lois des gouvernements de Pétain, prévenaient des rafles et bien sûr toutes les personnes qui ont caché des juifs…
Jacques milite aujourd’hui efficacement pour la Mémoire, pour la dignité et les droits de l’Homme, pour un monde pacifié et tolérant, « en définitive, malgré nos différences on est tous pareils… »
« Au milieu de l’horreur, il y a des gens fabuleux » confie-t-il volontiers. Il n’oubliera bien entendu jamais ce qu’il a vécu, mais il s’est forgé une conviction voire une passion : la vie…
Comme Jean FERRAT, lui aussi enfant juif qui a perdu son père en déportation, Jacques veut apprécier la beauté de la vie…
….« Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c’est beau, c’est beau la vie.
Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j’ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi
Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c’est beau, c’est beau la vie…. »
Le livre de Jacques SAUREL,
De Drancy à Bergen-Belsen, 194-1945
Souvenirs rassemblés d’un enfant déporté
Collection Témoignages de la Shoah
est disponible à la bibliothèque municipale, « L’élan »… Naturellement, toutes les personnes intéressées peuvent l’emprunter….
Notre site évoquera dans un prochain article la visite de Jacques et Françoise SAUREL au lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon.
- Dans la journée, avant de se rendre au Lycée Boissy d’Anglas, Jacques et Françoise SAUREL ont découvert avec plaisir le musée du car sous la houlette de Philppe SAULNIER